18 - Philippe Guiguet Bologne

23 – Élément d’une identité architecturale
Slaïki, Tanger, 2024
200 pages couleur, 12 euros, 160 dirhams
15×10 cm
ISBN : 978-9920-531-44-3
Dépôt légal : 2024MO3390

extrait de l’introduction
« À partir de presque rien, quelques masures et autant de chemins, Moulay Mehdi et son conseil dessinèrent les plans de la ville et de ce qu’elle deviendra : ses rues tracées à la règle et à l’équerre, ses quartiers administratifs, ses lotissements populaires aux lignes gropiussiennes, sa grand-place Al-Massira ; ils décidèrent de l’obligation de réserver des galeries d’ombre et de fraîcheur au long de chaque voie, péristyles soutenus par les fameuses arcades badigeonnées de la singulière couleur ocre rosé… L’identité architecturale de Tata était née, que l’on pouvait penser être une bourgade saharienno-mauresque typique, transformée en comptoir colonial, quand en réalité ses concepteurs avaient eux-mêmes copié le style militaire des cantonnements construits par la France impérialiste tout au long du Sahara. Tata constitue ainsi un véritable pied de nez à l’histoire des styles, involontaire tocade qui contribua grandement au charme fou de la localité ! Des terres furent offertes aux habitants les plus indigents, afin de les attirer dans la nouvelle commune et de les sédentariser. Durant les années soixante-dix, à la suite des soldats et de leurs familles, les premiers agents administratifs furent affectés par Rabat dans la région, qui conférèrent à la cité un nouveau ton, une allure circonspecte et mesurée de sous-préfecture. Durant des siècles, seules les familles les plus simples vivaient dans la plaine, foyers qui certes garantissaient les activités agricoles, signes de richesse, mais qui alors étaient soumis aux caprices des crues de l’oued et aux attaques liées aux guerres claniques ; les plus fortunés des autochtones préféraient s’abriter dans ces maisons de pierre qui sont aujourd’hui encore debout après avoir offert durant plusieurs siècles leur protection à des parentés pléthoriques, dans les villages perchés sur les collines alentour, toujours dans la limite et sous l’autorité de leur propre tribu. Pendant l’occupation coloniale, l’insignifiant douar était surnommé La Caserne, car placé sous l’autorité d’une troupe militaire française, Laligio, cantonnée de 1936 à l’Indépendance dans un fortin au faîte de l’actuelle butte du gouvernorat : Tata, qui en tamazight veut dire le repos, ou l’étape, selon les interprétations et les traductions, n’avait été baptisée de son nom actuel que quatre cents ans auparavant, après avoir été l’intemporel Assif n’Welt, la Rivière du cœur

résumé
Philippe Guiguet-Bologne a fréquenté Tata trois hivers successifs, séjours qui ont conduit à l’écriture du magnifique récit de voyage, publié cher L’Harmattan, Le grand large. Mais ces visites ont encore été l’occasion de produire quelques photographies, notamment des palmeraies qui sont la base de vie de la petite ville. Ces images étaient forcément très belles, les oasis étant toujours éminemment photogéniques. Philippe Guiguet-Bologne s’est alors interrogé sur ce qui fait l’identité si pregnante de la bourgade qui, malgré sa taille modeste, est devenue une capitale régionale du Sud du Maroc. Les arcades de Tata demeurent ce qui reste le plus frappant de la ville : enfilades de courbes et d’ombres qui signent le caractère de l’espace urbain et constituent, malgré la beauté des palmeraies, ce qui marquera le souvenir du voyageur. Ses arcades sont le punctum de Tata. Les photographier, en effectuer une forme de recensement non-exhaustif mais approfondi et méticuleux, pour réfléchir sur l’identité architecturale, l’identité urbaine, mais encore sur l’acte photographique en tant qu’acte de documentation, offrait l’occasion à l’auteur d’engager une nouvelle topographie, cet acte d’écrire l’espace par la photographie qu’il affectionne, dont 23 – Élément d’une identité architecturale, huitième volume d’une réflexion sur la photographie, est le résultat.

se procurer le livre
23 – Élément d’une identité architecturale est disponible à Tanger, à la librairie Les Insolites.