Détroit

Par Philippe Guiguet Bologne
Les podcasts culturels de Tanger et du Nord du Maroc.

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Détroit 52 – Entretien avec Azeddine El-Ouafi, fondeteur et directeur du Cap Spartel Film Festival.
15 novembre 2024

Né à Meknès en 1959, grandi à Tétouan, Azeddine El-Ouafi est désormais un Tangérois avéré. Cinéphile invétéré, fondateur et directeur du Cap Spartel International Film Festival, il milite pour une meilleure connaissance et une meilleure diffusion du cinéma, à travers son enseignement, l’animation d’ateliers, quelques revues et des journaux nationaux et arabes ; il est encore l’auteur d’une dizaine d’essais sur la lecture de l’image, sur le cinéma et sur la télévision, mais aussi d’un recueil de poésie. Il est enfin à l’origine et le président de l’Observatoire marocain de l’image et des médias. Auteur d’une dizaine de films, courts-métrages et documentaires, et d’autant de scénarios, il est maintenant un interlocuteur de choix quand il s’agit d’évoquer le cinéma à Tanger. Il est enfin membre de l’Union des écrivains marocains, de l’Association marocaine des critiques de cinéma, et directeur du Forum méditerranéen des arts visuels de Tétouan. Entretien avec Azeddine El Ouafi, un véritable amateur de cinéma, auquel il a consacré sa vie entière.

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Détroit 51 – Entretien avec Adil Rabih, peintre.
1er novembre 2024

Adil Rabih présente à Gallery Kent Ma Palette, une exposition tonique et lyrique de ses œuvres récentes. Né en 1967 à Tétouan, il vit et travaille dans sa ville. Très tôt dans sa carrière il a accumulé diplômes et séjours de formation. Lauréat de l’École nationale des Beaux-arts de Tétouan en 1990, il rejoint Grenade pour y décrocher un diplôme de la faculté des Beaux-arts en 1995. Il a bénéficié en 1998 d’une résidence à la Cité des arts de Paris. Il obtient ensuite un mastère en gestion culturelle à Séville. Depuis avril 2023, il est doctorant à la faculté des Beaux-arts de Séville.
Auteur du Guide des artistes de la ville de Tétouan (2005), il est responsable des activités artistiques et pédagogiques du Centre d’Art Moderne de Tétouan et professeur à l’Institut National des Beaux-Arts ainsi qu’à l’École Nationale d’Architecture.
Depuis 1987, Adil Rabih a accumulé dans son bagage plusieurs expositions, tant collectives qu’individuelles, au Maroc, en Espagne, en France, au Canada, en Italie, à Oman, en Allemagne…

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Détroit 50 – Entretien avec Rachid Taferssiti, écrivain et militant associatif pour la sauvegarde du patrimoine.
15 octobre 2024

Détroit célèbre son cinquantième épisode avec un entretien de Rachid Taferssiti. Né en 1944 au Marshan, à Tanger, le banquier-militant a su imposer une mémoire marocaine de la ville, où celle-ci ne perpétuait que les récits d’artistes et d’écrivains étrangers qui y ont séjourné. Grâce à Rachid Taferssiti, le devant de la scène a été réoccupé par Ali Errifi, Abdellah Guennoun ou Lalla Fatima Zohra, entre autres personnalités, qui auraient dû toujours y rester. Membre retraité du directorat de la Banque Populaire du Nord du Maroc, Rachid Taferssiti a consacré une partie de sa vie aux clubs sportifs de la ville, à la très influente association Al Boughaz qu’il a co-créée et qu’il préside, à l’animation de conférences sur le patrimoine et à la visite guidée de personnalités dans la ville. Mais il s’est surtout investi dans la rédaction de la bible des tangérophiles, Tanger, réalité d’un mythe, grand et beau livre où il raconte sa cité du détroit. Il a désormais l’oreille de son Roi, Mohamed VI, qui a été ému par l’ouvrage, et il a l’attention des walis et gouverneurs qui sont attentifs à son expertise, quand le Roi Felipe VI d’Espagne lui a décerné la Encomienda del Orden del Merito Civil. Rachid Taferssiti est encore l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages, portant aussi bien sur le patrimoine universel de Tanger, l’histoire de la photographie dans le nord du Maroc, celle des synagogues et des cimetières juifs, sur Mohamed Choukri ou sur le Centre culturel Abdellah Guennoun (qui est son œuvre), sur le crédit et l’histoire de la Banque Populaire… Entretien avec un homme de conviction et un militant inépuisable et probe, a qui l’on doit l’émergence d’une culture du patrimoine salutaire dans la ville du détroit.

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Détroit 49 – Entretien avec Frank Brondon, graphiste et peintre.
1er octobre 2024

Cela fait dix ans que Frank Brondon Jieutsa Jieufak vit au Maroc. Né en 1996 à Baham, au Cameroun, il a bénéficié d’une bourse d’études par laquelle il sera lauréat de la prestigieuse École nationale de commerce et de gestion de Tanger, avant de travailler dans la banque à Casablanca, puis de revenir à Tanger, où il est auto-entrepreneur, mettant tout son savoir-faire en terme de marketing au service de la Librairie les Insolites, mais où, surtout, désormais il développe sa marque Frank & Coe, de graphisme, de design et de créations plastiques. Il possède maintenant son corner en mezzanine du 26, rue Velasquez, parmi les très en vogue Kiosk, Insolites, Zaouia et ARTingis. Entretien sur un parcours atypique et qui saurait faire école.

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Détroit 48 – Entretien avec Soumaya Akaaboune, actrice.
15 septembre 2024

Soumaya Akaaboune est une figure de Tanger et de sa Kasbah. Elle a grandi dans un beau ryad où son père a reçu les artistes du monde entier, des Rolling Stones à Bernardo Bertolucci, des Jil Jilala à Bachir El Attar, et où Soumaya rencontra Maurice Béjart, qui tout de suite reconnut sa vocation pour la danse : elle partit en Europe à 14 ans pour suivre des cours de classique à Paris, fréquenta les Ballets des temps modernes, puis suite à une blessure se convertit à la comédie musicale, passa par Broadway et fit la Une du Los Angeles Times, avant de progressivement se lancer dans le théâtre et le cinéma. Sur les planches, elle joua notamment sous la direction de Peter Rafelson, de Sandra Bernhard, de Marty Cahlner et de John Steppling, et devant les caméras de Paul Greengrass, de Rob Epstein, de Gaël Morel, ou bien sûr de Farida Benyazid, Jilali Ferhati et Moumen Smihi, entre autres cinéastes. Sa carrière connaît aussi un tournant avec les séries télévisées marocaines, qui lui offrent une grande popularité dans son pays. Mariée à Peter Rodger, producteur, écrivain, photographe, scénariste, elle est de retour à Tanger depuis maintenant une quinzaine d’années, où elle redonne vie au ryad de son père.

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Détroit 47 – Entretien avec Fouad Bellamine, peintre.
15 juillet 2024

Né en 1950 à Fès, Fouad Bellamine est la figure emblématique de la troisième génération des fondateurs de l’art contemporain au Maroc, après celle des Cherkaoui-Gherbaoui et celle des Chebaa-Melehi-Belkahia. Il est désormais le peintre marocain vivant incarnant le mieux l’aventure de la peinture moderne au Maroc. Ses œuvres sont présentes dans tous les grands musées et toutes les grandes collections internationales. Sa peinture, des plus exigeantes, ne travaille que sur elle-même, dans de grands aplats de transparences, parfois matiéristes, déclinant dans une obsession sérielle, depuis plus d’un demi-siècle, la figure des murs, celle d’arcs, d’autels, de marabouts et désormais de parallélépipèdes qui ne parlent que de lumière et de pigment. Fouad Bellamine a vécu à deux reprises quelques années à Paris, avant de s’installer définitivement à Rabat. De nombreux ouvrages lui sont consacrés, dont les remarquables Entretiens avec Latifa Serghini (Studiolo, 2020) et la monographie de Pascale Le Thorel (Skira, 2013). L’artiste présente des toiles à Gallery Kent, Tanger, dans l’exposition Toucher la peinture, qu’il a montée avec Olivier Rachet, du 5 juillet au 15 septembre 2024.

(Photographie d’Elyahou Bialobos)

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Détroit 46 – Entretien avec Abdelaziz Lkhattaf, peintre et ancien responsable de la Galerie Delacroix.
1er juillet 2024

Abdelaziz Lkhattaf est né en 1967 à Aït Ourir, dans la région de Marrakech, élevé par sa seule mère. À sa majorité, il se rend à Tanger pour retrouver son père, soldat, et dans l’espoir d’aller en Europe. Il rencontre Georges Bousquet, alors directeur du Centre culturel français, qui vient de créer la Galerie Delacroix : Abdelaziz est employé comme gardien de l’espace et, très vite, il en devient le responsable, faisant du lieu un espace accueillant et incontournable pour tous les amateurs d’art de Tanger et de passage en ville. En 2004, après dix-sept ans au service de l’ambassade de France, il revient à Marrakech où il crée dans son ryad, près de Jemaa El Fna, la galerie Dar Youraziz, puis La Galerie rue Yves-Saint-Laurent, et désormais son atelier-sur-rue passage Ghandouri, rue de Yougoslavie, dans le cercle d’or de la culture à Marrakech. Fréquentant de très près les artistes, de Khalil El Ghrib et Abdelaziz Boufrakech ou Mohamed Drissi et Hamri, à Jean-Pierre Pincemin, Jean Le-Gacq ou Titus Carmel, épaulé par Georges Bousquet, Abdelaziz Lkhattaf devient lui-même peintre, produisant une œuvre reconnaissable entre toutes, où se mêlent la palette de Tanger et la spatialité de Marrakech. Résident à la Cité des arts de Paris en 2002 et 2003, il montre régulièrement ses œuvres à Tanger, au Maroc (dont la Villa des arts et le Moussem d’Assilah), en Belgique, en France ou aux Pays Bas, jusqu’à la Mamma Galeria de New York en 1997.
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Détroit 45 – Entretien avec Mohammed Koana, aventurier à l’âge de douze ans en situation irrégulière, devenu entrepreneur.
15 juin 2024

Mohammed Koana est un jeune tangérois de 34 ans. Comme beaucoup d’enfants de la médina, il passait ses journées au port de Tanger. Trois fois il réussit la traversée jusqu’à Algésiras, où il fut interpellé par la police des frontières espagnole et expulsé vers le Maroc. Mais à l’âge de 12 ans, une quatrième tentative fut la bonne, et pensant se rendre à Madrid, notre aventurier se retrouva à Paris. De foyers provisoires en foyers de redressement jusqu’à trouver une famille d’accueil, il a su se faire apprécier des juges qui traitaient son dossier, obtint à 18 ans la résidence puis la nationalité française. Pour retrouver la Méditerranée, il partit alors à Monaco, où son talent, son sérieux et sa bonne humeur aidant, il fut embauché par la Société des Bains Maritimes, jusqu’à devenir chef de rang dans un palace et barman dans un fameux bar du Rocher. Il décide en 2022 de revenir faire sa vie au Maroc, épouse la jeune et belle Hannah, devient père et crée son entreprise de conciergerie, la première dans la Kasbah, bravant toutes les difficultés administratives et de voisinage. Entretien sur un parcours aussi atypique qu’exceptionnellement tangérois…
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Détroit 44 – Entretien avec Khadija Chraïbi-Skalli, pharmacienne et collectionneuse de flacons de parfum.
1er mai 2024

Khadija Chraïbi-Skalli est l’une des premières femmes pharmaciennes au Maroc. Née à Fès, elle a cependant son officine à Tanger, montée de la Kasbah. Sans doute l’une des pharmacies les plus connues de la ville. Mais Khadija Chraïbi est avant tout passionnée par les parfums et surtout leurs flacons. Elle garde chez elle, à la Nouvelle montagne près du palais Tazi, près de 6000 flacons, allant de séries limitées de grands parfumeurs à des antiquités achetées chez Drouot, en passant par le catalogue entier de la maison Benchaabane. Fière de cette collection, qu’elle constitue depuis plus de quarante ans, Khadija Chraïbi l’a en partie rendue publique à travers les photographies qu’elle prend, son autre passion, tirages qu’elle expose ou qu’elle réunit dans maintenant trois beaux-livres, dont Des parfums et des rêves, publié chez Nouiga avec une préface de Nouzah Fassi-Fihri, et Évasion des sens chez Maison d’édition art numérique, préfacé par Abderrazzak Benchaabane et accompagné de poèmes d’Ali Benziane. Entretien en visitant une partie de la collection, chez Khadija Chraïbi, à la Nouvelle montagne de Tanger.
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Détroit 43 – Entretien avec Sanae El Kamouni, fondatrice et directrice artistique du Groupe des acrobates de Tanger.
15 mai 2024

Sanae El-Kamouni est Tangéroise, ville qui demeure sa résidence principale malgré ses longs voyages à travers le monde. Car Sanae El-Kamouni accompagne partout la troupe de spectacles circassiens modernes Le Groupe Acrobatique de Tanger, qu’elle a créée en 2003 et dont elle assure la direction artistique depuis. Ce miracle s’est produit avec le soutien du metteur en scène Aurélien Bory, qui a lui-même créé deux spectacles : Taoub en 2003 et Azimut en 2013. Chouf Ouchouf fut réalisé en 2009 par les Suisses Zimmerman et de Perrot, Halka fut une création de la troupe elle-même en 2016 avec le regard extérieur de Abdeliazid Senhadji et Fiq ! fut une mise en scène de Maroussia Diaz Verbèque en 2019. Le Groupe acrobatique de Tanger prépare aujourd’hui un nouveau spectacle, Ka-in, réalisé par Raphaëlle Boitel et dont la sortie est prévue en mars 2025. Ce groupe se résume donc par cinq spectacles, mille cinq cents représentations en vingt-et-un ans, une soixantaine d’artistes, de techniciens et d’administrateurs, de nombreux prix à l’international et un succès autant auprès du public que de la critique dans le monde entier. Mais Sanae El-Kamouni fait montre aussi d’un engagement et d’un militantisme pour l’amélioration du statut et des conditions des artistes de cirque au Maroc, comme pour la création d’une Maison des acrobates marocains à Tanger.
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Détroit 42 – Entretien avec Jean-Christophe Michaut – Fondateur-directeur du Flatta, Festival de land-art Tanger-Tétouan-Alhoceima.
1er mai 2024

Jean-Christophe Michaut vit désormais à Boujmil, sur les contreforts du Jbel, dans les collines au-dessus de la Méditerranée et des plages de Mdiq. Il vient d’y créer Dawya Natures, une agence de tourisme rural et solidaire pour la région. Mais c’est de là, aussi, qu’il organise maintenant le Flatta, Festival de Land Art Tétouan-Tanger-Alhoceima et les festivals #Parcours, qui animent ces paysages du Nord du Maroc dont il est tombé amoureux. Avec Abderrahim Nakata et Youssef Rihani, il a encore fondé à Tanger, où il a résidé pendant onze ans, Zanka90, une plateforme de soutien et de conseil pour la création et le développement de projets culturels de jeunes entrepreneurs. En France, dans une autre vie où il était très parisien, il fut directeur de la publicité pour les actions événementielles de Canal+, directeur de la clientèle de Robert & Partner & Free Lance, responsable de la communication de la Lyonnaise des eaux, avant de s’occuper d’une régie publicitaire des autoroutes à Marseille. Entretien avec un spécialiste du marketing sur la création de projets en milieu rural dans le Nord du Maroc.
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Détroit 41 – Hommage à Nicole de Pontcharra. Entretien avec sa petite fille, Vassilissa Proust
15 avril 2024

L’écrivaine et poète Nicole de Pontcharra nous a quittés il y a six mois. Il était nécessaire qu’un hommage lui soit rendu au Maroc, pays où, elle a grandi, à Marrakech, puis où elle est revenue fidèlement, apportant son soutien et accompagnant de son talent une génération entière de peintres et d’écrivains. Elle s’était occupée du Salon du livre de Tanger au détour des années 2000, conférant à l’événement un éclat dont elle avait le secret. Habib Samrakandi et Maati Kabbal, la Maison Denise Masson et l’Institut français de Marrakech vont enfin organiser une journée dédiée à la grande dame, le 27 avril prochain, à la Maison Denise Masson. Détroit profite des séjours récurrents à Tanger de la petite-fille de Nicole de Pontcharra, Vassilissa Proust, qui semble vouloir s’acheminer sur les traces de sa grand-mère, pour évoquer avec elle le passé et l’engagement de la grande dame.
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Détroit 40 – Entretien avec Ayda Diouri, co-fondatrice et co-directrice de Las Chicas.
1er avril 2024

Ayda Douiri est née à Tanger. Elle a grandi a Neuilly, puis est revenue au Maroc en 1995, tout d’abord pour travailler en tant que costumière de cinéma, et ouvrir il y a douze ans le premier concept store de Tanger, Las Chicas, avec sa mère, la cinéaste Farida Benlyazid, et sa partenaire de toujours, la parurière de bijoux et d’accessoires pour la haute-couture française, Yasmine Durner. Fille d’Abdelmoumen Diouri, l’opposant politique historique à Hassan II exilé à Paris, petite-fille d’une grand-mère à la personnalité aussi trempée qu’originale, petite-nièce de grandes figures féminines de Tanger et du Maroc, Ayda Diouri a un grand sens du gynécée et de la cause des femmes, autant que de sa culture et de son identité. Las Chicas est devenue la vitrine tangéroise d’une créativité, d’un savoir-faire et d’un savoir-être marocains, résolument contemporains, modernes, inspirés de la tradition, aussi bien ancrés dans leur temps que dans leur civilisation. Entretien sur une aventure qui, si elle demeure commerciale, n’en est pas moins culturelle et patrimoniale !
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Détroit 39 – Entretien avec Abdelghani Bouzian, artiste et président de Darna.
15 mars 2024

Abdelghani Bouzian est le jeune président de l’association Darna, ce phare de la vie sociale à Tanger, qui œuvre pour les enfants des rues et ceux des familles défavorisées, et les femmes fragilisées, rejetées ou en fuite de leurs foyers. Concernant chaque année plus de deux cent cinquante âmes, les cinq programmes de Darna – le foyer des femmes, le foyer des jeunes, la ferme pédagogique, le centre de formation et le théâtre – s’inventent et se développent depuis une trentaine d’années, gardant l’esprit militant de ses initiateurs, Youssef El Hajji et Mounia Bouzid El Alami qui a mené le projet de main de maître pendant ces trois décennies. Mais Abdelghani Bouzian est surtout, et avant tout, un artiste remarqué et célébré, qui crée de grands masques en résine ou en carton pâte, que l’on voit désormais proliférer dans les meilleures galeries d’art. Effigies destinées à être installées dans les forêts de Perdicaris et d’Agla, où vit Abdelghani, ce sont de véritables statues de l’Île de Pâques destinées à surveiller le détroit. Le jeune homme est encore un créateur de marionnettes, un acteur et un animateur insatiables de défilés de géants et d’acrobates, les fameuses halka de Darna. Il est aussi l’auteur d’un récit, L’éléphant de la Vieille montagne, où il raconte son enfance à Sidi Masmoudi où étaient installés ses grands-parents, qui avaient la responsabilité de l’éléphant du sultan Moulay Abdelaziz.
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Détroit 38 – Entretien avec Jamal Souissi, producteur de cinéma et réalisateur.
1er mars 2024

Jamal Souissi est né à Tanger, l’année de la fin du Statut international. Héritier moral de Souheil Ben Barka, le raïss du Centre cinématographique marocain, Jamal Souissi est désormais le président de la Chambre marocaine des producteurs et de la Film commission régionale, ainsi que le fondateur et directeur du Tangier Acting Studio, un office de formation des acteurs et de casting qu’il va bientôt mettre à la disposition de projets théâtraux, et de Tangerin Cinema Services, société qui a produit une pléthore de films de communication sur Tanger et le Maroc, de publicités et d’émissions de télévision pour le Maroc, l’Espagne, la France et jusqu’à la Pologne et la Roumanie. Mais Jamal Souissi est surtout un producteur exécutif remarqué, historique dans la région où longtemps il fut le seul représentant de son métier, et qui a notoirement contribué à l’existence de films tels que Black Hawk Down de Ridley Scott, The Grid de Michael Salomon, Une minute de soleil en moins de Nabil Ayouch, Loin d’André Téchiné ou La bataille des trois rois de Souheil Ben Barka, entre autres productions dans une liste interminable de films ! Enfin, sa fierté demeure qu’il est lui-même le réalisateur sensible de Morjana (2022), de Si Fès m’était conté (1992, pour l’Unesco), Le cadeau (2005), Le taxi blanc (2005) ou Aziz, Requiem tangérois (2009), parmi une liste d’une douzaine de longs, moyens et courts métrages. Jamal Souissi s’est formé à Paris, à l’université de la Sorbonne nouvelle, et auprès de personnalités telles que Henri Allekan, Antoine Vittez, Jacques Lassalle, Claude Lelouch, Yelmaz Guney, Tadeusz Kantor son ami et Peter Brook…
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Détroit 37 – Entretien avec Ilias Selfati, artiste visuel.
15 février 2024

Ilias Selfati est l’un des peintres tangérois du moment. Il est né en 1967 à Tanger, où il vit désormais, après avoir séjourné à Madrid, au Japon, à Los Angeles, à Rome, à Paris… Il a obtenu en 1991 le diplôme de l’École nationale des Beaux-Arts de Tétouan, puis il décrocha en 1994 une licence de l’Université Complutense de Madrid, avant de suivre, dans le même établissement, une formation aux techniques de l’estampe. Il s’inscrivit ensuite aux cours de sérigraphie dans la fameuse École des arts graphiques de la capitale ibérique. Une vingtaine d’expositions individuelles lui ont été consacrées au Maroc depuis 2010. Il expose désormais tous les deux ans à la galerie Mohamed Drissi de Tanger et a été l’invité de quelques événements prestigieux du musée Mohamed VI de Rabat. Selfati a reçu le Prix Thinking with your hand de l’Institut Cervantes du Maroc en 2000 et obtint une mention d’honneur au National Calcography Award de Madrid la même année. Son œuvre fut, entre autres nombreuses sélections, présentée six années consécutives, à partir de 2000, au Prix national espagnol du dessin, Gregorio Prieto. Il sera mi-février 2024 à la Galerie Gustavo Bacarisas de Gibraltar, avec Abdelkrim Ouazzani et Mohamed Benyaïch, dans un événement organisé par Gallery Kent et le ministère gibraltarien de la Culture.
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Détroit 36 – Entretien avec Alfonso Fuentes, exécuteur mémoriel du peintre Antonio Fuentes.
1er février 2024

Alfonso Fuentes est né et a grandi à Cadix, avant de mener une carrière de gestionnaire financier dans la publicité à Madrid. Il est désormais à la retraite, entre sa ville natale mais surtout Tanger, où il entretient le projet d’ouvrir un espace dédié à son oncle, le très tangérois peintre Antonio Fuentes. Ce dernier, né en 1905 au Petit Socco, de la famille fondatrice et propriétaire de l’hôtel et du restaurant du même nom, fit ses études d’art entre Madrid, Paris, Rome, Florence, où il fréquenta notamment Rouault, Picasso, Vlaminck, avant de revenir sa vie entière dans son atelier du Petit Socco, travailler avec son imaginaire expressionniste une représentation de la médina, de la même façon que l’impressionniste Claude Monet explora la façade de la cathédrale de Rouen ou que Paul Cézanne déclina sa vision de la Sainte-Victoire. Dandy au caractère trempé, peu enclin aux mondanités de son époque et de sa ville, Antonio Fuentes n’en fut pas moins la coqueluche d’un Tanger cultivé et amateur de peinture puissante. Visite très subjective d’une œuvre et d’une biographie d’Antonio Fuentes avec son neveu Alfonso, qui a récemment effectué une donation d’œuvres à la Fondation nationale des musées pour qu’une salle permanente soit dédiée à son oncle à Dar Niaba, le nouvel espace du Petit Socco réservé aux peintres voyageurs.
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Détroit 35 – Entretien avec Latifa Ibn Ziaten, présidente-fondatrice de l’Association Imad pour la paix et la jeunesse.
15 janvier 2024

Latifa Ibn Ziaten est tétouanaise. Née au Maroc, où elle revient très régulièrement, elle a suivi sa famille en Espagne avant de s’installer définitivement en France, où elle a donné cinq enfants à la nation. Son fils Imad, militaire, a été la première victime des actions terroristes de Mohamed Merah. Quarante jours après les funérailles, Latifa Ibn Ziaten, en mère courage, a créé l’Association Imad pour la jeunesse et la paix, arpentant au nom d’un islam de tolérance et de compréhension, un islam des Lumières, les banlieues, les écoles, les prisons, les associations, les camps de migrants, afin de témoigner en tant que musulmane et en tant que mère meurtrie dans sa chair, de ses convictions citoyennes et républicaines. Latifa Ibn Ziaten est désormais reçue à l’Élysée comme une actrice notoire des droits, elle bénéficie de la protection du Roi Mohamed VI et elle a l’oreille du pape François… Mais elle garde la tête froide et continue son travail de terrain, de base, en apportant sa parole et son soutien à ceux qu’elle considère comme des victimes plus que comme des criminels. Latifa Ibn Ziaten est une grande dame, d’un courage hors du commun, qui inaugurera au printemps prochain, à Fnideq, un centre de formation et d’insertion pour les jeunes Marocains de la région en situation de difficulté.
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Détroit 34- Entretien avec Kami, rappeur, producteur, disquaire.
1er janvier 2024

Kami a 34 ans. Il est producteur de hip-hop et de rap, il est lui-même interprète et depuis quelques mois il s’est fait disquaire, au cœur de la médina de Tanger. Tangier Records est une charmante boutique de vinyles de collection, à Oued Aherdane, créée par Kami et par le plasticien Omar Mahfoudi. Kami est né à Val Fleuri, puis il a grandi à Branes. C’est dans ce quartier qu’enfant il a pratiqué le graffiti et le hip-hop, tout en se laissant influencer par le duo tangérois des Zanka Flow, par Boot Camp Click, IAM, La Brigade, Khaligraph et Ärsenik. Il se lance alors, en 2005, dans la musique, avec les jeunes de son quartier, avant d’intégrer le collectif Muslim Mafia aux côtés de la Kachla Crew. Il rencontre le rappeur Saïfelhaq en 2008, avec qui il crée Tanja Beat et signe un maxi de six titres et huit singles, quelques clips réalisés par Omar Mahfoudi et, notamment avec le soutien de l’Institut français, le groupe enchaîne tournée sur tournée. Voulant perfectionner sa technique, chaperonné par Mehdi Anouar, DJ Afro, il s’inscrit dans une école pour devenir ingénieur du son et producteur en 2012. À sa sortie, il signe des sons qui seront remarqués, notamment dans la publicité, pour Itissalat Tunis, Jumia Tunis, Raïbi Maroc et une production pour Sarah Ariche. Il est maintenant fier des ses productions pour la jeune scène tangéroise, soutenant aujourd’hui Cuervo, Slimyan Ayelaan avec qui il a produit deux EP, Phone Call et So far so good, Lehchich, des compilations sous le label Kaziasbeats. Kami, fou de musique populaire et actuelle, a maintenant un projet avec des gnawas et de la musique nord-africaine.
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Détroit 33 – Entretien avec Mohamed Raiss El Fenni, styliste et peintre.
15 décembre 2023

Mohamed Raïss El Fenni est l’un des personnages du Petit Socco et de la Kasbah de Tanger. Au Socco, il est le propriétaire de la fameuse boutique Volubilis, à la façade verte et aux vitrines arrondies, qui depuis 51 ans propose à la jet-set internationale et aux figures de la beat generation des vêtements amples et cousus dans des tissus fabriqués artisanalement et des accessoires de cuir beldi de qualité. À la Kasbah, il a transformé il y a 30 ans un vieux four de quartier abandonné en galerie d’art, la première galerie privée à Tanger, aujourd’hui gérée par Olivier Conil. Mohamed Raïss El Fenni est une mémoire du quartier et de la ville, qui maintenant ne se consacre plus qu’à la peinture, activité qu’il avait débutée jeune homme, alors qu’il travaillait dans le bazar de son père, dans l’actuel local du café de musique andalouse de la place du Méchouar, Les Fils du Détroit. Il est l’auteur d’une pléthore d’aquarelles surréalistes, aux formes chimériques dignes d’un songe de Salvador Dali, qu’il réalise comme des miniatures, parfois sur les cartons des cahiers de feuilles de papier à rouler, d’autres fois sur des bâtonnets de glace… Un microcosme plein de rêves d’un Tanger en voie de disparaître…
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Détroit 32 – Entretien avec Khalid Amine, directeur-fondateur du festival Performing Tangier.
1er décembre 2023

Khalid Amine est né à Tétouan, mais il a notamment grandi à Tanger où il vit désormais et où il a passé quarante ans de sa vie. Universitaire anglophone et anglophile, il consacre sa vie au théâtre, du point de vue de la critique. Il est le fondateur et le directeur du festival Performing Tangier qui ramène chaque année, depuis dix-neuf ans et autant d‘éditions, une réflexion de tout premier ordre sur le devant de la scène du Maroc et de celle des pays du Sud. Cette année, du 8 au 12 décembre à l’University of New England de Tanger, Performing Tangier traitera des Géographies du spectacle. Parti d’un hommage rendu à Mohamed Choukri l’année de sa disparition, le discret festival, qui connaît néanmoins un succès retentissant, attirant chaque année dans la ville du détroit spécialistes et étudiants en théâtre, est devenu un lieu essentiel d’analyse universitaire et de diffusion de la pensée altermondialiste et décoloniale. L’événement est orchestré avec l’université Abdelmalek Essaadi de Tétouan et l’University of New England de Tanger. Khalid Amine est d’ailleurs enseignant chercheur dans ces deux établissements, ainsi que lecteur à l’Université de Francfort, rédacteur de la revue de théâtre de l’Université de New York, intervenant à Cambridge, et il se fait l’ambassadeur de la critique théâtrale marocaine dans tous les forums internationaux qui comptent et qui font avancer l’art de la dramaturgie et la pensée décoloniale.
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Détroit 31 – Entretien avec Sylla Siaka, écrivain, danseur, migrant.
15 novembre 2023

Sylla Siaka est un jeune Guinéen. Il confie volontiers qu’il est danseur et artiste. Voilà quatre années qu’il est coincé dans le goulot tangérois, en attente d’obtenir un moyen de se rendre en Europe. Né dans un petit archipel que l’on croirait aisément paradisiaque, les Îles de Los face à Conakry, grandi dans le petit village de Goia, élevé par une mère venue de Sierra Leone, entretenu par un père guinéen polygame et propriétaire d’une pêcherie, lycéen et étudiant de ci et de là, chez les demi-frères et les demi-sœurs, il a fait sa traversée de l’Afrique de l’Ouest et de l’Algérie en espérant traverser le détroit de Gibraltar d’un coup de rame. Depuis quatre années, il travaille chez des étrangers et, surtout, notamment grâce à l’aide de Florence Francioni, il vient d’écrire le récit de sa vie, Graine de migrant, publié ce printemps dernier à L’Harmattan. Entretien sur l’âme migratoire et ce qu’est l’écriture d’un témoignage.
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Détroit 30 – Entretien avec Mohamed Benyaïch, peintre.
1er novembre 2023

Mohamed Benyaïch est un peintre tétouanais. Né en 1956 dans la ville andalouse, il y fut un fonctionnaire menant une vie de bohème lui valant le surnom de Freaky, que tout Tétouan connaît et apprécie. Aimant la culture par-dessus tout, il eut une révélation, en 1994, dans l’atelier de gravure de l’Institut français, comprenant qu’il devait s’atteler à la peinture. Commença alors pour lui une nouvelle vie, qui le fit apprécier et reconnaître des milieux autorisés dans tout le royaume, et l’amena aussi à voyager pour des résidences ou des expositions à travers le monde. Emblématique de l’art marocain pour le Japon, invité à deux reprises aux États-Unis, puis au Canada, en Pologne, en Macédoine, bien sûr en Espagne et en France, où il fut l’invité des prestigieuses résidences du musée San Fernando de Madrid avec une bourse de chalcographie, de la Cité des arts à Paris, par ailleurs de la Villa des arts de Rabat ou du Mac de Briech. Entretenant l’esprit expressionniste si cher à une veine de la représentation dans le sud, ami et héritier du puissant Mohamed Drissi, sa figuration dense et questionnante est désormais d’un ton qui fait autorité. Mais Mohamed Benyaïch n’avait pas attendu cette contingence pour faire ce qu’il avait à faire et peindre ce qu’il avait à peindre. Gallery Kent lui consacre une exposition, avec Abdellatif Mehdi, Ma’joun mis en cimaises par Selfati, jusqu’au 27 novembre 2023.
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Détroit 29 – Entretien avec Anas Boukhari, savonnier, parfumeur et cosméticien.
15 octobre 2023

Jeune entrepreneur tangérois d’une trentaine d’années, Anas Boukhari a ouvert près de la place Sakaya, entre le Grand Socco et la Kasbah, une petite boutique remarquée et remarquable, Maison Boukhari. Anas est savonnier, parfumeur et cosméticien. Il est fier de fabriquer dans son laboratoire désormais certifié ISO des produits de qualité, faits à partir de matières premières du terroir trouvées au Maroc, souvent auprès des coopératives de femmes dans les campagnes. Anas Boukhari explique à Détroit le parcours qui a pu conduire un jeune commerçant à devenir un artisan d’exception, quels sont ses produits et comment il les fabrique, qui sont ses clients et quels sont les débouchés commerciaux pour une telle activité, comment Tanger a pu l’inspirer… Entretien réalisé dans sa maison familiale, au Marshan, entre mer et palais, entouré des objets de son arrière-grand-père, pacha à Tétouan.
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Détroit 28 – Entretien avec Abdellah et Abdeljebbar El Gourd et Amine Chbihi de Dar Gnawa.
1er octobre 2023

Abdellah Boulkhair El Gourd est aujourd’hui l’un des plus fameux musiciens de la scène gnawa au Maroc. Né dans la Kasbah de Tanger en 1947, dans la maison où ses parents accueillaient parents et amis gnawa, et que les voisins appelaient Dar Gnawa, Abdellah El Gourd a donc créé en 1980 son association du même nom, installée dans sa maison de Dar Baroud, où il reçut des musiciens du monde entier pour des improvisations devenues légendaires, mais surtout et avant tout pour enseigner la musique de ses ancêtres aux enfants de Tanger, garantir la pérennité et l’intégrité du répertoire marsaoui, des gnawa de Tanger, à l’heure où la world music tente tous les métissages jusqu’à l’oubli des racines. Engagé pour sa musique, mais aussi pour une philosophie de son art, spirituelle sans jamais tomber dans la superstition, il a permis à la scène gnawa de Tanger de gagner une immense audience, notamment en signant de remarquables albums, dont ceux avec Randy Weston, avec qui il s’est lié d’amitié dès 1967 . Ils ont produit un fameux album qui recevra une nomination aux Grammy Awards de 1996, occasionnant un voyage à Los Angeles au maalem qui y représenta le Maroc avec panache. Abdellah El Gourd a joué avec de nombreux musiciens, dont encore Archie Shepp, Akosh S., les Barbarins Fourchus et bien d’autres artistes venus à Tanger spécialement pour s’inspirer de son talent et de son savoir. Entretien réalisé au nouveau local de Dar Gnawa à Borj El Hajoui, à Bab Marsa, en bas du Petit Socco, avec le maalem, son fils Abdeljebbar El Gourd et son ami et musicien Amine Chbihi. L’occasion encore d’offrir aux auditeurs de Détroit une play list de tout premier ordre.
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Détroit 27 – Entretien avec Ali Benziane, poète, romancier, essayiste.
15 septembre 2023

Né en 1988 à Montpellier, Ali Benziane est pourtant un authentique Tangérois. Pharmacien de formation, avec, en supplément, un master en philosophie des sciences, il est avant tout, auprès du grand public, un poète – Tingis est paru chez Onze en 2018, Couronne d’épines en 2021, quand la même année il publiait son premier roman, très jazzy, Le mur des paresseux, avant de conquérir le public hexagonal et francophone dans son ensemble avec un essai remarqué sur l’éthique post-covid, soutenu par le philosophe médiatisé et controversé Mehdi Belhaj Kacem, L’épreuve de vérité, paru chez Fiat Lux en 2022, lui occasionnant l’invitation à de nombreuses conférences à travers l’Europe. Ali Benziane prépare un nouvel essai, sur la spiritualité et la poésie à travers l’œuvre d’Ibn Arabi, Le cheveu d’ange, qui sera publié dans quelques semaines. Notre jeune auteur est depuis 2023 nommé ambassadeur des Journées internationales du vivre-ensemble en paix au Maroc par l’ONG Aisa, participant ainsi à une série de conférences et de rencontres inter-religieuses. Entretien avec un scientifique des plus littéraires, philosophe comme il se doit, dans un café hyper animé, le Chérifa de Bab El-Hassa, à la Kasbah de Tanger. La parole est donnée à Ali Benziane.
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Détroit 26 – Entretien avec Bachir Demnati, plasticien et designer.
1er septembre 2023

Bachir Demnati, bien que d’une grande discrétion, est une figure historique de Tanger. Né en 1946 dans la ville du Détroit, place Amrah dans la médina, bac en poche il obtint une bourse de l’Unesco pour aller étudier l’architecture d’intérieure à La Cambre, à Bruxelles. Déjà tout enfant il crayonnait, dessinait, vendait ses petites œuvres. De retour à Tanger dans les années 70, il contribue notoirement à la fondation de l’Association des artistes plasticiens marocains, avec son ami Mohamed Melehi, il participe au prestigieux Mouvement de Casablanca, et il forme avec Melehi, Chebaa et Ataallah celui de l’abstraction géométrique septentrionale. Il est omniprésent dans ce moment historique où s’affirment les idées fondatrices de l’art contemporain au Maroc. Son œuvre choque, elle questionne, ses expositions avec ses amis sont médiatisées et commentées. Côté design, il est très jeune intégré au cabinet tangérois Guy Stenier, puis il s’associe pendant une dizaine années pour fonder le cabinet Ghesquière et Demnati. À Tanger, le fameux immeuble du Cafrad, Technopark maintenant, le siège de la Banque populaire, sont de leur fait. Après un grave accident de la route à Marrakech, Bachir Demnati a mis sa carrière de plasticien entre parenthèses, reprise aujourd’hui, quarante ans après, avec brio, quand enfin, partout, il est célébré à la hauteur de son talent et de sa contribution historique. Soutenue par l’habile Comptoir des mines de Marrakech, son œuvre atteint désormais des côtes d’un niveau international, vendue à Casablanca, à Marrakech, à Dubaï et à Beyrouth, mais qui intéresse aussi désormais Christies et le Centre Pompidou de Paris. Entretien chez Bachir Demnati, à Tanger dans le quartier de Moujahiddine, entouré des œuvres de l’artiste.
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Détroit 25- Entretien avec Gabriel Andrieu, fidèle tangérophile.
1er juillet 2023

Gabriel Andrieu venait enfant à Tanger, dont il est définitivement devenu un fidèle visiteur dès le début des années 70. Il fréquenta la ville d’abord avec son ami Fabrice Emaer, le fondateur et propriétaire de la fameuse discothèque parisienne Le Palace, qu’accompagnaient Robert Hirsch, Roland Barthes, Jacques Grange ou François-Marie Banier qui allait alors prendre une fameuse photographie de Samuel Beckett sur la plage municipale. Il s’agissait d’un Tanger interlope et cosmopolite, dans une forme de joyeuse déliquescence, où Gabriel Andrieu rencontra le groupe de ceux qui allaient devenir ses proches amis de toute une vie, Simon Cohen, Safia Oueslati, Tessa Codington, le tailleur Pepe Gomez, Jean-Louis Scherrer et Tahar Ben Jelloun, Arlette Mitterrand… période où l’on assiste aux dernières heures du piano-bar Le Parade de Lili et à la naissance du palace le Mirage. Gabriel Andrieu, énarque, fut un haut fonctionnaire au ministère français des Finances, détaché à la mairie de Paris où il fut directeur des Musées de la capitale et, à la demande de Jacques Chirac et de Pierre Seghers, fondateur et directeur de la Maison de la poésie, entre autres fonctions et activités d’une carrière pleine de joie et de surprises, qui l’amena à côtoyer aussi bien François Hollande que Hubert Védrine, qui demeure son ami de promotion, Philippe Soupault et Jean Tardieu, René Char et Lawrence Durrell, entre autres grands noms de la culture française et mondiale. Réalisé dans un Hôtel El-Minzah bruyant car assiégé par les travaux de restauration de la ville, voici un entretien d’été de Détroit avec l’un des personnages au cœur de la mémoire d’un certain Tanger, un Tanger qui nous laisse encore rêveurs…
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Détroit 24 – Entretien avec Marco Barbon, photographe.
15 juin 2023

Marco Barbon est photographe. Il est né à Rome, en Italie, mais il vit en France et travaille souvent au Maroc, particulièrement à Tanger. Il a su y saisir l’âme du pays et celle de la ville. Invité par l’Institut français, il est l’un des quatre photographes participant à l’exposition Photographes voyageurs en Méditerranée : regards croisés… histoire sans fin, présentée à la Galerie Delacroix du 2 juin au 15 septembre 2023, inaugurée à l’occasion du Printemps du livre et des arts de Tanger. Auteur de sept ouvrages dont Cronotopie (2010), Casablanca (2011), Les pas perdus et Asmara Dream (2014), El-Bahr (2016) et The Interzone (2017), Marco Barbon effectue une recherche sur les notions de limites et de frontières, notamment entre la réalité et l’imaginaire, le document et la fiction, à travers une esthétique du dépouillement et un temps suspendu, une lumière dépolie maritime et un travail du hors-champ qui constituent désormais sa signature. Avec la Galerie 127 de Nathalie Locatelli à Marrakech, l’œuvre de Marco Barbon est défendue et diffusée par la Galerie Clémentine de la Feronnière à Paris. L’entretien est réalisé dans la nouvelle véranda de l’Hôtel El-Minzah, la veille du vernissage de l’exposition.
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Détroit 23 – Entretien avec Hicham Bouzid, cofondateur et directeur artistique de la plateforme culturelle Think Tanger.
31 mai 2023

Hicham Bouzid est né à Tanger, où désormais il est un acteur remarqué de la société civile culturelle. Cofondateur de Think Tanger, dont il est le directeur artistique depuis sept ans, il a donc animé des lieux et des projets tels que l’Atelier Kissaria, espace de débats et de rencontres où ont été initiés nombre d’initiatives culturelles ou de réflexion sur la banlieue, sur le développement de la ville, sur l’urbanisme, sur le développement social et culturel, sur la pensée alternative et les réponses à apporter aux travers du néo-libéralisme. C’est à l’Atelier que siège désormais le Tanger Print Club, un projet d’éditions d’œuvres et de livres, dont la revue Makane. Think Tanger offre aussi une résidence d’artiste. Dans les prochains jours, la plateforme culturelle ouvre son nouvel espace-clef, le Kiosk, au 14 rue Velasquez : deux cents mètres carrés destinés à montrer le fruit de toutes ces actions et à traiter toutes ces problématiques, avec une ouverture sur le passage multiculturel du centre-ville de Tanger. Un nouvel espace qui contribuera au dynamisme et au rayonnement de la ville. Hicham Bouzid a fait ses armes aux Insolites, avant de participer à la naissance du 18 Derb El-Ferrane, l’espace culturel alternatif modèle au cœur de la médina de Marrakech. Fort de ces deux expériences et d’une formation de curateur, le jeune activiste a pu revenir à Tanger et y créer, avec un réseau d’amis, dont Amina Mourid, Yto Barrada, Sido Lansari, Nouah Ben Yebdri, l’espace qui réfléchit notre ville dans son intégralité, du suburbain au développement d’espaces de vie et de rencontres non-commerciaux. Entretien avec un acteur de la pensée contemporaine, à l’Atelier Kissaria du Grand Socco.
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Détroit 22 – Entretien avec Maz, auteur, compositeur, interprète.
15 mai 2023

Le Tangérois Maz est auteur, compositeur, interprète. Avec le courage de sa jeunesse, il tente d’imposer sur la scène marocaine une nouvelle variété de qualité, alliant rythme et mélodies purement marocaines, dans l’héritage andalou, à des techniques de chant lyrique acquises grâce à une longue fréquentation du conservatoire de Tanger et de la chorale Al Boughaz. Au moment où il prépare la sortie de son cinquième opus, quand on l’a vu se produire sur de nombreuses scènes au Maroc, mais aussi en Espagne, à Prague, en France, ainsi que remporter un certain succès en diffusant sur les réseaux sociaux des interprétations très personnalisées de grands airs du répertoire classique, Soufiane Mazin nous accorde un long entretien où il sera question de Tanger, d’inspiration, de style, de l’influence de la chorale Al Boughaz et de la troupe de théâtre Festi, de diffusion et de la participation du jeune artiste, en tant que premier rôle, à la première comédie musicale marocaine, F7ali F7alek, du palestino-américain George Bajalia. Entretien avec Maz, au restaurant M. de Dar Mokhtar, à Tanger.
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Détroit 21 – Entretien avec Abdelkrim Ouazzani, plasticien.
30 avril 2023

Le Tétouanais Abdelkrim Ouazzani est l’une des figures les plus marquantes de l’art contemporain au Maroc, où il a importé l’affranchissement et la légèreté de la Figuration libre, dans les années 80. Il a aussi révolutionné l’art et la manière de l’ancienne École des Beaux-Arts de Tétouan, qu’il a dirigée, en en faisant l’actuel Institut de formation de premier ordre, devenant l’objet dans les années 90 d’une bataille d’Hernani dans laquelle s’est jouée toute la vision de l’art au Maroc. Par ailleurs, au moins trois générations de grands jeunes artistes sont nées sous sa férule. Dès 1978, il enchaîna les événements à Tétouan, en Espagne, aux Rencontres des créateurs de la Méditerranée, à Marseille, au cours de la plupart des Moussems d’Assilah, à la galerie de Bab Errouah à Rabat. Il participa en 1993 à la création du groupe barcelonais interculturel Ras-El-Hanut, de son ami Ahmed Amrani, puis on le retrouva à la Galerie Al-Manar de Casablanca, ambassadeur de sa culture aux Journées consacrées au Maroc par l’Unesco, au Caire où il remporta un Prix de la critique, avant de gagner les États-Unis pour une longue tournée comme un road-movie. 1999 fut une année décisive dans sa carrière avec, entre autres nombreuses activités, trois événements majeurs auxquels il participa à Paris : des expositions à l’Espace des Blancs-Manteaux, au Couvent des Cordeliers et à la Galerie de la Cité. Se succédèrent alors une profusion d’événements et de marques de reconnaissance, invité en artiste reconnu et célébré aussi bien à Londres qu’à Manama, au Parlement de Bruxelles que dans une galerie nîmoise, au cœur du berceau où naquit sa Figuration libre. Depuis quelques années, Abdelkrim Ouazzani semble recentrer ses activités dans son pays, au Musée Mohamed VI d’art contemporain, à Gallery Kent, à la Villa des arts de Rabat, au Comptoir des Mines de Marrakech, à la Galerie Loft casablancaise, dans le réseau des Instituts français, tout en s’offrant quelques échappées à l’Institut du Monde arabe, à Santiago du Chili, Sao Paulo, Palerme, Malaga ou Berlin. En 2019, le Centre d’art moderne de Tétouan consacra sa saison au grand enfant des arts plastiques marocains, rendant un hommage à celui qui a tant apporté, toujours avec discrétion et une générosité de grand seigneur, à sa ville et à son Royaume. Il fut ainsi honoré par SM le roi Mohamed VI d’un wissam. Une importante monographie vient d’être publiée par Aziza Laraki, de Gallery Kent à Tanger, se consacrant à l’artiste septentrional en deux longs entretiens, autant de textes critiques et deux cents pages d’images. Le témoignage de toute une époque, celle à l’origine de la scène artistique actuelle. En juillet prochain, Abdelkrim Ouazzani renouera avec ses amours de jeunesse dans une grande exposition d’extérieur, à Torreta sur les collines de Tétouan. Entretien avec l’artiste emblématique de toute une génération et de toute une région.
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Détroit 20- Entretien avec Peter J. Baalman, architecte.
14 avril 2023

Peter Baalman est architecte, néerlandais, mais il vit depuis presque une cinquantaine d’années à Paris, où il a effectué ses études en histoire de l’art et en architecture. Il fréquente assidument Tanger depuis trente ans, ville dont il a fini par acquérir une réelle expertise. Après la coupure liée à la covid, il revient dans la ville du Détroit où il constate l’ampleur des travaux et des mutations dont la cité est l’objet. Peter Baalman enseigne, est maintenant dans des préoccupations artistiques, mais il a surtout travaillé pendant un quart de siècle pour le Studio Odile Decq, dont il a été le chef d’agence pendant vingt ans. À ce titre, il a suivi de très nombreux projets dont la réalisation de chantiers tels que l’extension du Musée d’art contemporain de Rome, le L-Museum à Neuhaus en Autriche, le Frac Bretagne à Rennes, le projet inabouti de la gare maritime de Tanger Med, le restaurant de l’Opéra Garnier à Paris, le campus Confluence de l’École d’architecture de Lyon ou Twist, un immeuble de bureaux aux Batignolles à Paris. Entretien dans le ravissant et rococo café-jardin de la maison d’hôtes les Trois portes, à Sidi Bouknadel, entre la falaise et la Kasbah de Tanger, sur ce que devient Tanger du point de vue d’un architecte d’envergure internationale.
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Détroit 19 – Entretien avec Hassan Amrabet, maroquinier et designer.
29 mars 2023

Hassan Amrabet a créé et dirige avec ses frères Abdelmouneim et Redouane une boutique-galerie au cœur de la médina de Tanger. Ils sont maroquiniers et designers à leur façon, toujours pleine de talent, d’exigence et d’inventivité. Ils ont créé la boutique Les Mérinides dans les années 80, avant la fièvre des maisons d’hôtes qui ont tant stimulé le secteur de l’artisanat à Marrakech d’abord, puis dans tout le Royaume, dès le milieu des années 2000. Jusque-là, le client pointilleux et tatillon trouvait au Maroc le plus bel accueil et la meilleure gastronomie, tout le bonheur du monde et l’éblouissement des sens, mais très peu d’artisanat rajeuni et d’une qualité irréprochable. Birkemeyer à Marrakech et Mérinides à Tanger sont les pionniers d’un renouvellement et d’une ambition qui ont maintenant fait école. La galerie rue Sebbou accueille désormais Madame Figaro, Inès de la Fressange et Vincent Lacoste, Safia El Omari et Patrick Timsit, Jean-François Halin et les décorateurs du monde entier pour qui Tanger est un passage obligatoire. Entretien rue Sebbou avec le pilote de l’aventure tangéroise, Hassan Amrabet..
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Détroit 18 – Entretien avec Hamza Boulaïz, metteur en scène.
15 mars 2023

Hamza Boulaïz est le jeune prodige du théâtre au Maroc. À vingt ans, il remplissait le Théâtre Mohamed V de Rabat en y créant sa pièce Hassan L’kliché ; dans les mêmes années, il fit scandale avec Onze minutes, où la darija marocaine, verte et crue, sonne comme une attaque contre l’ordre, de la même façon que cinquante ans plus tôt, dans un souci de vérité, Mohamed Choukri offrait un tableau dur, violent et vrai de sa société. Les deux créateurs, le metteur en scène et l’écrivain, appartiennent au même champ poétique : celui de la justesse et du souci de l’humain. Héritier d’un esprit, celui de l’excellent Institut supérieur d’art dramatique et d’animation culturelle, l’école nationale de théâtre à Rabat, et du brillantissime Jaouad Essounani, fondateur du Dabateatr dans la même ville, qui a porté le théâtre marocain à sa modernité – après que Timoud en ait exprimé les douleurs de la naissance et que Tayeb Saddeki et Nabil Lahlou lui aient fondé une forme de classicisme -, Hamza Boulaïz est au cœur de toutes les polémiques, tant son œuvre dérange autant qu’elle plaît et émeut. On y parle le langage de la rue, on y secoue tous les tabous, on y révèle toutes nos impasses ; le rythme y est celui de son époque, syncopé et clignotant ; la scénographie y est un grand jeu en reflet de la postmodernité. Hamza Boulaïz, avec sa compagnie Spectacle pour tous et son projet de camion-théâtre qui arpente tout le royaume, a beaucoup de succès, et donc il est observé à chaque étape de son travail. Courtisé par les grandes fondations, Drossos ou la coopération suisse à leur tête, qui œuvrent pour le développement et le libéralisme, soutenu par Sundance, écouté par son ministère de tutelle, adulé par feu Pierre Bergé et la Fondation Majorelle, le jeune Tangérois de trente ans, fils du Marshan, a aujourd’hui huit pièces remarquées à son actif, dont cet Exit qui a remué ciel et terre à travers le Maroc, en se jouant dans une version de douze heures à faire pâlir Paul Claudel lui-même, un Khorotto + sensuel où la scène est déconstruite avec acharnement, un Ouma (eux) qui le consacre. Hamza Boulaïz, fragile comme une pensée et aussi puissant que la plus grande des volontés, se donne à livre ouvert à Détroit.
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Détroit 17 – Entretien avec Omar Metioui, luthiste et musicologue.
28 février 2023

Omar Metioui est une figure des musiques classiques et traditionnelles arabo-marocaines, à Tanger, dans toute le Royaume et à l’international. Digne héritier des grands maîtres que furent Mohamed Ben Larbi Temsamani, Moulay Ahmed Loukili ou Hadj Abdelkrim Raïs, il s’impose à la scène musicale comme un éminent luthiste et un musicologue émérite. Profondément engagé dans la conservation, la diffusion et la compréhension des musiques andalouses et soufies, Omar Metioui est l’auteur d’une bonne demi-douzaine d’ouvrages de référence, publiés au Maroc et en Espagne. Il sort d’ailleurs ces prochains jours un imposant essai de transcription, de translittération et d’analyse de la Nuba Raml Al-Maya, premier volume d’une série publié par l’Académie du Royaume du Maroc et l’Institut académique des arts, après qu’il ait édité en 1995 une Nuba Al-Istihlal au Centre de documentation musicale de l’Andalousie, à Grenade. Il a encore contribué aux anthologies d’Al-Ala commandées par le ministère marocain de la Culture sous l’égide de Mohamed Benaïssa et a enregistré, notamment avec le maître Ahmed Zaïtouni, l’intégrale des noubas Isbihan, Raml al-Maya (panégyrique), Raml al-Máya Ghazaliyya (profane), Istihlál et Rasd. Omar Metioui reste encore le fondateur de la dynamique association Confluences musicales, qui notamment organisa le Festival Tarab Tanger des musiques traditionnelles. En 1994, il fonde la formation Ibn Baya avec Eduardo Paniagua, en 1997 l’ensemble Al-Shushtari et l’Ensemble Omar Metioui des musiques traditionnelles, avant de cofonder avec la musicienne et chanteuse Begona Olavid un ensemble de musiques anciennes andalouses, qui l’amènera à se produire partout dans le monde, du Monde arabe à l’Europe en passant par l’Asie, le Japon et l’Iran. Enfin, il est l’auteur remarqué d’une quinzaine d’albums de musique, principalement enregistrés en Espagne, où il a largement contribué à la diffusion et à la renommée des musiques andalouses et soufies, et à celles de l’éditeur Sony Classical, avec des titres comme Ritual Sufi Andalusi, Obras Maestras del Canto Andalusi, ou plus tard Dhikr y Sama édité par le madrilène Pneuma.
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Détroit 16 – Entretien avec Hassan Échaïr, plasticien.
11 février 2023

Hassan Échaïr est l’une des figures notoires de ce que l’on appellera la troisième génération des plasticiens contemporains au Maroc, dans le même temps que Mahi Binebine, Mouad Jebari ou Mounia Touiss. Fils du Jbel et du Détroit, il enseigne désormais et depuis une trentaine d’années à l’Institut national des Beaux-Arts de Tétouan, après en avoir lui-même été un étudiant, et ensuite avoir rejoint les écoles des Beaux Arts d’Amiens puis d’Anger dans les années 90. L’actualité du plasticien est des plus chargées ces derniers mois, sortant de l’exposition collective Im’press à Gallery Kent avant de s’engouffrer le 24 février prochain dans une exposition individuelle à Dar d’Art, au côté des mots du poète syrien Nouri El Jarah, avec lequel il publie un livre d’artiste à la Maison de la poésie de Tétouan, en même temps qu’un titre chez Méridianes avec des poèmes de Philippe Guiguet Bologne et l’accompagnement du dernier ouvrage d’Abdelhak Najib chez Orion. Il participe aussi à la 11ème édition de Musécoles, les Arts modernes, aux côtés de Selfati, Amina Benbouchta et Christophe Cerino, et à La Espiral, une exposition collective qui tourne en ce moment dans les Institutos Cervantes du Maroc. Un moment représenté par la Galerie Cube de Rabat, les Galerie Loft et Noir sur Blanc à Casablance, représentant d’une interprétation marocaine de Support/Surface – la plupart de ses enseignants et mentors furent de remarquables membres de ce mouvement -, Hassan Echaïr est passé par les prestigieux espaces de la Villa des arts, de Bab Rouah pour un hommage à Mohamed Kacimi, par la Galerie Delacroix, le Goethe Institut, l’Institut français de Tétouan et bien sûr l’Instituto Cervantes si bien implanté à Tétouan. Résident de la Cité des arts de Paris en 2001, Hassan Echaïr a aussi représenté le Maroc dans des événements organisés au Mali (Bamako 2007), en France (Paris, Lilles, Marseille), en Espagne (Madrid à la Casa Arabe, Barcelone, Majorque, Denia), au Portugal (à Sintra et Ponte del Sor), en Tunisie, aux États-Unis, au Liban dont une invitation du Palais de l’Unesco. Hassan Echaïr est un artiste septentrional ancré dans la tradition moderniste : il peint plus qu’il ne communique et il pose sans fard tous les problèmes liés à son art et à son temps, alimentant ainsi de précieux débats. On le trouve maintenant dans son atelier, qui fut celui de Saad Ben Cheffaj, dans la médina de Tétouan, bel espace qui forme désormais une étape culturelle incontournable pour les visiteurs de sa ville.
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Détroit 15 – Entretien avec Gaël Morel, cinéaste, scénariste et acteur.
28 janvier 2023

Gaël Morel incarne un cinéma d’auteur très français, comme le firent avant lui François Truffaut, Claude Chabrol, Éric Rohmer ou celui qui longtemps lui fut un inspirateur, André Téchiné. C’est d’ailleurs ce dernier qui mit Gaël Morel au devant de la scène en lui confiant le rôle qui l’incarne dans le chef d’œuvre autobiographique Les Roseaux sauvages. Nous avions rencontré Gaël Morel, un fidèle de Tanger, à l’occasion du tournage de Loin, la suite imaginaire des Roseaux.., mais c’est aussi dans la ville du détroit que Gaël Morel a tourné, en tant que réalisateur, Les chemins de l’oued et Prendre le large avec Sandrine Bonnaire. On le croise parfois entre deux projets, passant devant le Café de Paris pour se rendre à un rendez-vous avec ses vieux amis, les écrivains Rachid O. et Mathieu Lindon ou le réalisateur Christophe Honoré. Au cours d’une pause, après l’écriture d’un nouveau scénario et à l’issue de la difficile période des premières vagues de la covid, nous avons retrouvé l’auteur d’À toute vitesse, d’Après lui et de Notre paradis, dans lequel il met en scène sa muse Catherine Deneuve, à l’Hôtel El Minzah, pour parler cinéma, influence, inspiration, mais aussi de Tanger, du Maroc et de spiritualité face à la politique. Discussion à bâton rompu avec l’un des héritiers de l’esprit du cinéma d’auteur français.
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Détroit 14 – Entretien avec Amine Asselman, plasticien, docteur ès Beaux-arts et maalem zelligiste
12 janvier 2022

Amine Asselman fait partie de la jeune génération montante des artistes marocains, aux côtés notamment de Mounir Fatmi, Younes Rahmoun ou Safaa Errouas. Une génération décomplexée, qui manie le concept avec autant de virtuosité que leurs homologues new yorkais, londoniens ou tokyoïtes. Bref, ils sont aux arts avec le naturel de la génération née dans la mondialisation. Tétouanais, ville où il est revenu actuellement enseigner à l’Institut national des Beaux-arts, issu d’une ancienne famille patricienne andalouse, Amine Asselman a été diplômé de la fameuse école d’art de sa ville avant d’aller parfaire sa formation en Espagne, d’où il ramena encore un doctorat sur l’art du zellige, comme lien entre ses deux patries, le Maroc et l’Espagne. Il voulait devenir architecte – en l’écoutant, on pense d’ailleurs à la viscéralité cérébrale de l’ingénieur-bâtisseur chanté par Peter Greenaway – et le voilà plasticien ! C’est en réfléchissant à l’art du zellige qu’il en est venu à redéfinir un nouveau langage, solfège visuel, qui lui permet de créer une infinité d’œuvres, déclinées selon une formule musicale en tableaux, en sculptures, en installations, en parterre ou en fresques, en autant de supports qu’il en existe, tout en interrogeant les frontières des genres et celles des cultures. Un travail d’une ampleur rare, dont un échantillon sera montré dans une exposition personnelle du 19 janvier au 18 février 2023 à l’Espace Rivages, au siège de la Fondation Hassan II à Rabat. Une façon de faire connaissance avec l’œuvre de l’un des artistes les plus percutants et les plus pertinents de sa génération.
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Détroit 13 – Entretien avec Saïd Messari, plasticien et graveur
4 janvier 2022

Saïd Messari est un plasticien de Tétouan. Il habite cependant à Madrid depuis les années 80, ville où il s’était rendu pour poursuivre ses études d’art à l’Université Complutense puis préparer les cours monographiques de troisième cycle de doctorat à l’Université Autónoma, après avoir remporté son diplôme de l’École des Beaux-Arts de Tétouan. S’il fut un créateur de fresques murales à l’heure de la movida et de la transition post-franquiste, sa formation lui permit de travailler pour Artdéco en tant qu’estampiste puis graveur, où il cultiva la rigueur et l’exigence que nécessitent les techniques de création sur papier. Artiste qui œuvre avec volontarisme sur les problématiques de son temps, de l’environnement à la mémoire 2.0, il a aussi profité de la création et du succès du Salon Stampa pour mieux faire connaître la singularité de son univers et l’universalité et la poésie du papier. Désormais, il ne travaille plus que sur ce support, d’une façon écologique, gravant des œuvres décadrées, des camées texturisés, des sculptures formées de livres découpés. Saïd Messari est un artiste tout en délicatesse, en finesse, en sensibilité : littéraire, papier oblige. Il a montré son travail à travers le monde, s’illustrant en 2000 avec Dépliant de Barcelone, Série paraboles 2001-2003 (2003), puis avec ses expositions Paraboles et Puzzles, Mémoire de papier, Métamorphoses du papier et, en 2020 et 2021, Fragilité du papier et Mémoire écrite. Saïd Messari fait preuve d’un militantisme pour le support papier comme il s’engage pour un monde plus acceptable et vivable. Il expose ses œuvres régulièrement à Tanger, à Gallery Kent, où il participe cette fin d’année à l’exposition collective Im’press, réalisée en bonne intelligence avec le salon Stampa madrilène.
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Détroit 12 – Entretien avec Nao et Monz, musiciens et fondateurs du groupe de rock Lazywall
13 décembre 2022

Le groupe de rock tangérois Lazywall est actuellement en pourparlers avec un nouveau label et en profite pour se décider une révolution stylistique de fond : les trois musiciens traduisent tout leur répertoire de l’anglais vers la darija marocaine. Groupe grunge et de heavy metal, depuis quelques années il prend un tournant plus fusion en intégrant à ses compositions des instruments et des musiciens orientaux. Lazywall évolue donc à grands pas, pour notre plus grand plaisir. Nao, chanteur et guitare, et Monz, batteur et ingénieur du son, deux des fils du premier pharmacien marocain musulman de Tanger, la fameuse officine Anegay de la rue des Siaghine dont Naofal a repris la direction, nous racontent l’histoire de leur groupe qui déjà édite son sixième album. C’est aussi l’histoire récente du rock à Tanger et le récit de comment est vécu le statut d’artistes reconnus dans leur ville natale, cité que l’on qualifie facilement de muse, mais qui néanmoins reste encore peu équipée en structures dédiées aux arts de la scène. Le troisième larron de cette affaire, leur frère ainé Youssef, est quant à lui en France où il vit et n’était pas présent pour cet entretien. Récit d’un périple démarrant au Marshan, passant par Grenade dans les années 90 puis l’Angleterre des grandes scènes rock des années 2000, revenant à Tanger en 2007 et trouvant ses points d’orgue dans les grands festivals de Casablanca. Lazywall, ce sont nos enfants tangérois du siècle !
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Détroit 11 – Entretien avec Omar Mahfoudi, plasticien
30 novembre 2022

Omar Mahfoudi est le jeune peintre emblématique de la nouvelle vague tangéroise, celle émergée dans les années 2000 et dont les artistes gagnent aujourd’hui une réelle maturité. Né dans la médina de Tanger, Omar Mahfoudi est un héritier identitaire de son quartier : son œuvre parle de la lumière de Tanger dans l’Éden, des reflets sur la chaux qui rebondit dans le désert, des matins doux au-dessus de la baie et dans les jungles imaginaires, de la solitude des jeunes de Hafa dont le regard se perd dans le détroit et qui ne savent que rêver d’ailleurs. Tout jeune, il ouvre sa propre galerie à Oued Aherdane, avant de connaître une vraie reconnaissance en étant présenté par la Galerie Conil, la Fondation Montresso, l’AKAA, Abla Ababou, puis Gallery Kent, quand maintenant Afikaris défend son œuvre avec succès à Paris et à Londres, en France et en Europe ; Rodolphe Janssen expose le jeune tangérois à Art Cologne et la Galerie Loft le représente au Maroc. Les grandes toiles d’Omar Mahfoudi, de plus en plus évanescentes et délayées, expriment avec sensibilité une dématérialisation du monde et une prise de pouvoir de leur âme sur les choses : des mots que l’on dit usés, auxquels le peintre redonne une nouvelle vie et une nouvelle énergie, passant par des couleurs pop art aussi acides qu’elles tendent au délavé, un geste rapide et une épuration de la forme de plus en plus frontale. Omar Mahfoudi est le peintre de la présence, celui d’une mystique de l’esthétique, résolument inexplicable, que l’on tente de cerner dans cet entretien réalisé en septembre 2022, à l’occasion de la journée Être Ici, à Saba’s House dans la médina. Les vingt premières minutes de l’entretien ne sont pas de la meilleure qualité, où le moteur d’un réfrigérateur fringant vient parasiter notre propos… Mais comme nous continuons de défendre le fond avant la forme, et nous vous livrons malgré tout ce bel épisode.
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Détroit 10 – Emmanuel Hocquard à Tanger – Entretien avec Françoise de Laroque
14 novembre 2022

Emmanuel Ponsart et l’Institut français de Tanger, à l’occasion de la sortie chez POL du livre Une grammaire de Tanger, ont organisé ces 11 et 12 novembre un week-end de rencontres autour du poète Emmanuel Hocquard. Après avoir passé une enfance à Tanger, l’écrivain fut l’un des fondateurs et le représentant de la poésie littéraliste, créateur de la maison d’édition Orange Export Ltd, auteur du fameux recueil Les élégies, des miscellanées Un privé à Tanger et Le Cours de Pise, de Ma haie et d’Un test de solitude, d’Une journée dans le détroit et Le modèle et son peintre, ainsi que d’une trentaine d’autres ouvrages, tous majeurs bien qu’il aimait se qualifier de poète mineur. Françoise de Laroque, critique littéraire, autrice de La chambre jaune et d’Alain Veinstein ou le chien des mots, traductrice notamment de Paul Auster, de Michael Palmer et de Keith Waldrop, qui fut aussi la compagne d’Emmanuel Hocquard avec qui elle eut une fille, Juliette, était présente à Tanger pour ces célébrations. L’occasion de rencontrer cette belle femme de Lettres déterminée et d’évoquer quelques aspects de la vie et de la création du grand mais mal connu Emmanuel Hocquard.
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Détroit 9 – Entretien avec Ilyass Bouchri : le Maroc au Festival international du théâtre universitaire du Caire
5 novembre 2022

Ilyass Bouchri est tout ce qu’il y a de plus polymorphe. On le trouve avec son sourire, son charme et sa détermination sur tous les fronts ! Avec le dynamisme de ses vingt-six ans, il est enseignant dans un institut médical national pour les soins infirmiers, après être passé par de longues années à diriger une équipe au service de réanimation de l’hôpital Mohamed V à Tanger ; mais il est surtout connu dans sa ville en tant qu’acteur, metteur en scène, chorégraphe, dramaturge, fondateur de deux compagnies de théâtre amateur dont la très primée Festi, influenceur, chef de fil, homme de médias et de relations publiques. Lauréat du Festival national marocain de théâtre et du Festival international de théâtre universitaire du Caire, il siège au cœur de l’équipe de ce dernier événement : depuis trois ans, il est le directeur artistique des ateliers, bénéficiant de toute la confiance des directeurs-fondateurs Amr Kabeel et Samar Saeed. Ilyass Bouchri nous explique ici, sur les bords du Nil, au lendemain de la remise des prix de la 4ème édition de ce festival cairote, ce qu’il y fait et comment s’y traduit la présence de Tanger et du Maroc. Entretien réalisé fin octobre sur les quais du Grand Nile Tower Hotel, dans le vent et à côté du passage des pétaradants canots à moteur.
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Détroit 8 – Entretien avec Amina Rezki, plasticienne
14 octobre 2022

Amina Rezki est peintre. Elle est peintre dans le sens le plus puissant du mot. Née dans le Beni Makada des années soixante, alors grande banlieue d’un Tanger commençant à perdre les ors de son Statut international, et surtout dont les richesses n’allaient pas jusque si loin, sa famille émigre à Bruxelles en 1967, où la petite Amina est immédiatement inscrite dans une école catholique. Elle y apprend la différence et le vivre-ensemble. Une encyclopédie sur Rubens lui est offerte en premier Prix de la gentillesse, qui éblouira la petite fille et formera le premier maître de la future artiste. Mariée à Mohamed Temsamani, à qui elle a donné sept filles et un garçon, en soulignant qu’elle ne peut s’empêcher de créer, elle se consacre entièrement à cette grande famille pendant quinze ans, puis reprend des cours du soir en 2001 à l’École des Beaux-Arts d’Uccle. Elle suit là un cursus de six années, notamment sous la direction du délicat et profond Arié Mandelbaum, qui devient son mentor et partage avec la jeune peintre une pièce de son atelier. À partir de cet instant, Amina Rezki n’a plus cessé de travailler, créer, créer, créer, peindre encore et à chaque instant. Mue par une énergie irrépressible comme celle qui animait Camille Claudel ou Séraphine Louis, une puissance titanesque dans un petit corps de femme, son acharnement et sa persévérance, sa passion et son talent l’amenèrent à présenter sa première exposition dans la galerie casablancaise d’Abla Ababou en 2011. Invitée à participer à une exposition collective par un Mahi Binebine toujours perspicace, la reconnaissance et le succès dès lors ne la quittèrent plus, où elle est saluée par toute la critique comme l’une des artistes les plus exigeantes de son temps. Elle s’est attachée à la Galerie Conil de Tanger dès 2012, après une exposition à l’espace Mohamed Drissi, puis participa à l’aventure de Gallery Kent. Elle est désormais défendue par Loft Gallery de Casablanca.
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Exposition « Les couleurs du temps » – Entretien avec Marie Moignard.
30 septembre 2022

Autour d’une donation de portraits colorisés de la moitié du XXe siècle, anonymes mais tangérois, chinés puis offerts par Philippe Lorin à la Fondation pour la photographie – Tanger, Françoise et Daniel Aron ont décidé d’organiser une exposition de photographies colorisées provenant d’horizons des plus divers. Les couleurs du temps, mise en scène par la commissaire Marie Moignard, experte de la photographie marocaine et journaliste à Diptyck, va de Tanger au Japon, en passant par Le Caire, la Syrie maronite, la Bretagne ou Prague, Fès ou Casablanca, avec des œuvres de Aassmaa Akhannouch, Hélène Bellenger, Amina Benbouchta, Flore, Ludovico Wolfgang Hart, Irène Jonas, Youssef Nabil, Rima Samman, Jan Saudek et de quelques photographes anonymes. L’exposition a été réalisée avec la coopération des galeries 127, à Marrakech, Nathalie Obadia et Taylor à Paris. Les couleurs du tempsest montrée jusqu’au 30 novembre à la Fondation pour la photographie, au 235, route de Sidi Masmoudi (route de la Vieille Montagne) à Tanger, du mardi au samedi, de 10h30 à 18h00. Visite guidée avec Marie Moignard.
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Parcours artistique Être ici 2022, entretien avec Anne Chaplain et Najoua El Hitmi
15 septembre 2022

Ce premier numéro de Détroit actualité est consacré à Être ici, un parcours artistique et patrimonial à Tanger, initié par le collectif Ssilate, durant lequel des artistes, plasticiens, photographes, musiciens, chanteurs, danseurs, poètes, installationnistes, performeurs, sculpteurs… se produisent dans des lieux habituellement fermés au public. Habituellement présenté sous la forme d’une Biennale, Être Ici 2022 se déroulera toute la journée du 18 septembre, dans la médina de Tanger, de 10 heures à 19 heures. À travers huit lieux et faisant intervenir quarante-cinq artistes venant de tout le Maroc, de France, d’Espagne et d’ailleurs, Être ici bénéficie de la collaboration d’une trentaine de partenaires et mécènes, parmi lesquels la Wilaya de Tanger, la Fondation nationale des musées, la Délégation régionale de la culture, le Conseil national marocain du tourisme, l’Institut français, la Cinémathèque de Tanger, Tanger Med, Vilavi, la Fondation Mohamed VI… Entretien sur ce programme avec la présidente de Ssilate, Anne Chaplain, et l’artiste Najoua El Hitmi, toutes deux cofondatrices et organisatrices de l’événement.

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Détroit 5 – Entretien avec Hicham Gardaf, photographe.
29 août 2022

Hicham Gardaf est photographe. ll s’intéresse aussi au cinéma expérimental. Il vit à Londres, mais il est né à Tanger, en 1989. Il a grandi entre Tanger, au Marshan, dans la maison familiale sur les bords du détroit, et un village près de Larache où ses parents avaient été mutés en tant qu’instituteurs. Il n’achèvera jamais des études de Sciences économiques débutées à l’université Abdelmalik Essadi : un petit boulot aux Insolites où il feuilletait les livres d’art et une rencontre avec Marco Barbon l’amenèrent à s’imaginer une vie de photographe. C’est au Percolateur, à Marseille, espace ouvert par Barbon, que Hicham Gardaf rencontre Nathalie Locatelli, dénicheuse et créatrice de talents, qui dès 2013 lui organise sa première exposition personnelle à la galerie 127. Il fut ensuite invité à la Cité des arts de Paris en 2014, lauréat du Prix de la Fondation des Treilles en 2015 et sélectionné par l’Arab Fund for Art and Culture, lui occasionnant une résidence à Beyrouth entre 2015 et 2016 : sa carrière est définitivement lancée et assise. Il déménage alors à Londres pour élargir son horizon et y prendre pour épouse une jeune artiste sénégalo-polonaise, Maja. En 2017, Hicham Gardaf participe à une master class de la World Press Photography à Amsterdam. En 2018 la Galerie Delacroix de Tanger lui consacre une exposition personnelle, puis le Guest Project de Londres, à l’issue d’une résidence. Depuis 2021, il suit un master alternatif à l’Open School East pour les artistes confirmés. Il est aussi l’un des cinq finalistes, de la septième édition du prix de la fondation Manifaturra di Arti, Sperimentazione et Tecnologia (Mast) de Bologne, qui produit son nouveau projet sur les vendeurs ambulants à Tanger, raison pour laquelle on le retrouve aujourd’hui dans sa ville natale.
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Détroit 4 – Entretien avec Tomas Colaço, artiste inclassable
15 août 2022

Issu d’une famille qui fricota dans la diplomatie portugaise à Tanger pendant cinq siècles, Tomas Colaço est quant à lui né à Lisbonne en 1974. Il suivit des études d’architecture en Italie, entre Milan et Venise, obtint un doctorat en Sorbonne en histoire et théorie de l’art et de l’architecture, avant d’entamer une maîtrise à l’École des hautes études en sciences sociales, sous la direction de Hubert Damisch, de Jean-Claude Lebensztejn et d’Umberto Eco, sur les notions d’espace privé et public dans les collections d’art. Il acheva son odyssée de formation aux écoles d’art lisboètes Ar.co, où il pratiqua les arts plastiques, la photographie, la sculpture, la peinture, le dessin et la céramique avec une approche académique, puis à la MAUMAUS où il aborda la conceptualité de front. Artiste inclassable et insaisissable, toute son œuvre, sa vie entière de plasticien et installationniste tournent autour de la notion d’espace. Depuis quelques années, avec son épouse Sofia d’Aguiar, ils ont créé à Lisbonne le Grilo, un lieu à leur image qui se décline en résidence d’artistes, ateliers, espace d’expositions et restaurant clandestin, lieu de fêtes où l’on croise les têtes couronnées européennes aussi bien que Madonna ou Cristiano Ronaldo. En tant que plasticien, dont le travail frôle en permanence le trompe-l’œil, il fut défendu par des galeries londonienne, new yorkaise, parisienne et lisboète. Mais Tomas Colaço demeure avant tout un geste, une humeur : entre l’hédonisme et l’insolence, celle de la liberté et le sens du plaisir : ce que sous d’autres cieux on appelle l’élégance.
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Détroit 3 – Entretien avec Taha Amiar, environnementaliste.
29 juillet 2022

Taha Amiar est né dans les années 80 à Tanger et il y a grandi. Il a suivi sa scolarité dans la ville du Détroit avant d’entamer des études en France. Il a démarré sa carrière dans la communication et le journalisme, « par infusion familiale » assure-t-il. Il a effectivement grandi entre les locaux d’un journal et ceux d’une radio. Il change de cap à Casablanca, avant que sa nature ne le rattrape : il crée alors sa marque média, Massolia.com, fortement présente dans les réseaux sociaux en vue de sensibiliser au respect de l’environnement et aux technologies vertes. Il reprendra dans la foulée des études plus portées sur la nature, l’environnement et la biodiversité, en Côte d’Ivoire, de 2018 à 2020. Son expérience l’amène à collaborer pour la Banque africaine de développement, ainsi que pour le Programme des Nations-Unies pour le développement et le Programme des Nations-Unies pour l’environnement. Auparavant, en 2016, Taha Amiar sera l’un des principaux artisans à avoir élaboré le programme de la conférence Med Cop, préparatoire à la Cop 22 de Marrakech. Tangérois du monde, Tangérois dans le monde, il aime à défendre sa ville et en parler.

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Détroit 2 – Entretien avec Abderrahim Benattabou du Donkey Museum of Tangier
14 juillet 2022

Un tout petit musée, plein d’un charme fou, vient d’ouvrir au 49, montée de la Kasbah, à Tanger. De ces projets qui donnent une âme à une ville. Abderrahim Benattabou en est l’initiateur. Ce petit cousin de la grande chanteuse populaire Najat Attabou, originaire de Khemisset, est passé par Rabat où il a fait une faculté d’économie, puis une école de cuisine à Ouarzazate, avant d’être recruté au mérite à l’ISITT, l’institut supérieur des métiers du tourisme de Tanger. Déjà il connaissait cette ville où sa mère avait dirigé l’École hôtelière. Abderrahim Benattabou va ensuite gérer la maison d’hôte de la sœur de Bertrand Cantat à Chefchaouen ; il y découvre la richesse de son terroir et du patrimoine, le potentiel touristique et de services que possède le Maroc, sur la lancée crée sa marque de confitures locales et extraordinaires, avant de participer à l’émission Challenge, la Star Academy des entrepreneurs, puis d’ouvrir un green shop à Benguérir quand la ville s’est affichée comme l’eldorado de l’énergie renouvelable et de la pensée verte au Maroc. C’est bien à Benguérir, au Nord de Marrakech, où il n’y avait que deux taxis, qu’il a rencontré les ânes et s’est passionné pour cet animal qui symbolise pour lui toutes les alternatives pour un monde meilleur. Participant à la Boubana, la résidence poétique qu’Aurore Claverie avait animée au début des années 2010 à Tanger, il décide alors d’ouvrir dans la ville du détroit son musée des ânes.
Donkey Museum of Tangier – 49, montée de la Kasbah, Tanger – 00212 (0) 660 36 53 86 – donkey.museumoftangier@gmail.com

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Détroit 1 – Entretien avec Catherine Poncin, photographe
30 juin 2022

Détroit consacre son premier épisode à Catherine Poncin, photographe, vidéaste, plasticienne qui depuis de nombreuses années travaille sur et avec le Maroc, et qui depuis six ans s’est installée à Tanger, ville où elle partage son temps avec Montreuil, en Seine Saint-Denis. Métissage et altérité sont donc bien pour elle des mots d’ordres, un choix de vie. Née en 1953 à Dijon, elle débute la photographie en autodidacte dans les années 80, notamment aux côtés de Duane Michals et d’Alain Fleisher. Depuis, son travail est défendu par l’appartement 22 d’Abdellah Karroum à Rabat, la galerie des Filles du Calvaire à Paris, Art Culture & Co de la directrice artistique Christine Ollier, que Catherine Poncin a suivie dans ses nouvelles aventures. À Tanger, on aura vu la photographe exposer au Mahal et à Gallery Kent, concevoir des cycles de workshops avec des jeunes issues de l’Association Darna, d’autres scolarisés, des étudiants de l’Institut des Beaux-Arts de Tétouan, des migrants, après avoir montré une centaine d’expositions en France et à travers le monde ; elle a aussi édité huit vidéos d’art et quinze livres aux Editions Filigranes. Figure de la post-photographie, Catherine Poncin a créé le concept, pour lequel elle milite, de photographie par la photographie. Une mise en abyme de la mémoire et de l’identité…
Ce premier épisode de Détroit était bricolé sans moyens, ni savoir-faire technique, mais avec un immense plaisir, par Philippe Guiguet Bologne. Tous droits réservés. Les musiques des génériques sont de Hassan Boussou Katib Allah et du collectif Sidi Koumi ; les chansons de Nass El Ghiwan Ah Ya Ouineet Sabra et Chatilla ont été choisies par Catherine Poncin.

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