18 - Philippe Guiguet Bologne

Écrits sur les cimaises
Gallery Kent, Slaïki, Tanger, 2024
162 pages, 5 Euros, 80 dh
11×18 cm
Dépôt légal : 2024MO1656
ISBN 978-9920-531-30-6

quatrième de couverture
Étudiant en théorie de l’art à Paris III et Paris I, où il fut doctorant, Philippe Guiguet Bologne réfléchit et écrit sur l’art contemporain au Maroc depuis maintenant trente-et-un an. Il vit depuis ce temps à Tanger, choix qui lui a permis de dresser le bilan des années fondatrices de l’art moderne, puis de rencontrer et de sympathiser avec des figures aussi fortes que Khalil El Ghrib, Mohamed Melehi, Mohamed Chebaa, Farid Belkahia ou Fouad Bellamine, tout en accompagnant l’émergence de la postmodernité marocaine et de se passionner pour l’art contemporain plus récent. Auteur de nombreux textes de catalogues et d’articles de presse, il fallut attendre cette dernière décade pour que la rencontre avec Aziza Laraki et Gallery Kent confère un tour plus systématique et approfondi à cette double passion de l’art et de l’écriture, ainsi qu’une réflexion plus pérenne, conduisant à la possibilité de constituer ce recueil. Écrits sur les cimaises n’est en rien une leçon sur l’histoire de l’art, moins encore un réquisitoire, mais plutôt le partage d’une expérience, celle de connaître depuis tant d’années et de l’intérieur l’art du Maroc. À l’heure où les jeunes diplômés des écoles des Beaux-Arts confèrent un ton plus mondialisé au panorama culturel chérifien, à l’heure où ouvrent de nombreux musées et que les galeries et les fondations commencent à proliférer, il n’était pas vain de se pencher sur ce nouveau monde avec une expérience et un regard de plus d’un quart de siècle.

extrait
La modernité avait aussi ce projet, une utopie il va sans dire, de ne rien cacher tant de la structure de l’objet créé, quel qu’il soit, que du process, du procédé qui aura permis de l’imaginer et de le fabriquer : les fameuses Acanthes peintes par Henri Matisse dans le Parc Brooks de Tanger, comme toute la série des Nymphéas de Claude Monet inaugurent cette démarche dans l’art de la peinture. Abdelkrim Ouazzani aboutit le dispositif, le pousse dans ces retranchements et ses limites, et ne donne plus à voir que ce qui devrait demeurer invisible : la structure et le contour. À vouloir tout montrer, on parvient rapidement à ne plus révéler, manifester plutôt, que ce que l’on ne peut plus dire, puisque c’est ce qui reste quand tout est vu, comme on annonce que tout est dit. Ce qui demeure : la structure à fleur de la représentation, jusqu’à ce que la représentation ne soit plus que structure. Mais, plus important, bien plus remarquable et que l’on oublie ou que l’on occulte systématiquement : jusqu’à ce que la représentation ne soit aussi plus que l’espace entre les choses, l’air qui circule entre les éléments de la structure, la lumière qui traverse cela, et la relation entre le vide et le matériau qui le définit : une dimension qui finalement relève de l’indicible de la poésie et du sacré.

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Écrits sur les cimaises est disponible à Gallery Kent, les Insolites à Tanger et toutes les librairies au Maroc.