
Omar Mahfoudi – Waiting for the light to change
(collectif avec Michaëla Hadji-Minaglou, Olivier Rachet et Édouard Henry)
Afikaris, Paris, 2025
196 pages, 60 Euros, 500 dh
30×24 cm
ISBN 978-2-9578578-4-5
résumé
La galerie parisienne Akikaris, qui défend le peintre tangérois Omar Mahfoudi, a produit une superbe monographie de près de deux cent pages en couleurs, à point nommé effectuer un point au milieu de la carrière du plasticien tangérois. C’est ainsi qu’est né ce très bel ouvrage, dans lequel est luxueusement présenté tout le monde mystérieux et onirique d’Omar Mahfoudi. Pour accompagner les reproductions des toiles, la galerie a demandé à Michaëla Hadji-Minaglou, à Olivier Rachet, à Philippe Guiguet Bologne et à Édouard Henry de produire des textes qui sachent éclairer l’œuvre du Tangérois. Philippe Guiguet Bologne, qui a vu grandir le peintre, dont il était un voisin dans la médina, a imaginé des Édéniques pour entourer de mots les songeries mahfoudiennes.
extrait
« Omar Mahfoudi a grandi dans l’éclat du soleil d’été contre la chaux blanche sur les murs de la médina. L’enduit lacté, fraîchement étalé chaque printemps, emplit la rue d’un troublant parfum, gourmand, d’amande et de cyanure. Il a grandi dans l’éblouissement attisé par les rafales de chergui, celles qui portent la poussière et les langueurs du Levant, bourrasques qui secouent les vagues et les âmes fragiles. Il est devenu homme en se glissant parmi les entrelacs de salpêtres qui, partout l’hiver, recouvrent les murs des maisons détrempées de frimas et de désolation. Gamin de la vieille ville, il allait jouer jusqu’aux abords du marabout de Sidi Bouarrakiya, le saint de la ville dont le mausolée couronne les pentes menant au Grand Socco, sépulcre dominant le somptueux cimetière qui porte son nom, où les stèles blanches de l’islam, comme essaimées, dorment dans un bois de pins, de mimosas et d’eucalyptus, parmi les acanthes, les iris mauves, les fiers arums et les fougères. Il a construit des cabanes et des récits d’aventures dans les bosquets de la forêt de Rmilat, quand l’été il allait se baigner à Agla, où les essences rares plantées un siècle plus tôt par le fortuné Ion Perdicaris pour le seul bonheur de son épouse malade, se mêlent aux plus vernaculaires des plantes de la Méditerranée. Les pentes y dévalent comme le plaisir jusqu’aux bleus du détroit. Omar Mahfoudi a traversé la jeunesse dans cette lumière d’opale qui, certains soirs, se dore d’inexplicables bouleversements et s’étire dans des paysages qui ont su émouvoir des générations d’artistes. Il aurait pu tout devenir, puisque enfant de Tanger déjà il était le monde : il s’est choisi peintre. Comme cet Henri Matisse qu’il avait côtoyé bien avant de naître. »
où trouver le livre ?
Omar Mahfoudi – Waiting for the light to change peut être commandé à la galerie Afikaris, Paris.